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L’émission Enquêtes de Santé du 9 Décembre 2014 sur France 5 sera consacrée au sucre.
A la lecture du synopsis de l’émission « Sucres, l'addiction s'il vous plait ! », un titre volontairement accrocheur, le CEDUS (Centre d’Etudes et de Documentation du Sucre) souhaite faire le point sur certains messages alarmistes qui circulent régulièrement sur le sucre, sa consommation et ses potentiels impacts sur notre santé.
Encore trop de confusions existent entre LE sucre aussi appelé saccharose et LES sucres.
Le saccharose est facilement identifiable puisqu’il s’agit du sucre en poudre ou en morceaux, extrait de la canne ou de la betterave à sucre. On l’utilise directement à la maison ou bien il est ajouté aux produits sucrés (confitures, gâteaux, boissons,…).
LES sucres comprennent à la fois le saccharose mais également tous les autres glucides simples tels que le lactose, le fructose et le glucose. Ils sont ajoutés ou naturellement présents dans les aliments.
Il est important d’utiliser le bon vocabulaire pour éviter les incompréhensions.
Pour en savoir plus, lire notre article "Sucre ou sucres ?"
Ce chiffre de 33 kilos/an correspond en réalité aux quantités de sucre de betterave et de canne vendues en France divisées par la population totale, c'est à-dire à une disponibilité par habitant. Ce sucre vendu n'est pas intégralement consommé (utilisations non alimentaires, transformation pour la chaptalisation des vins ou le caramel, pertes et gaspillages de produits sucrés). La consommation réelle peut être évaluée plus finement par des enquêtes individuelles de consommation* ; elle se situe plutôt à 25 kilos par personne et par an.
Même si les quantités ne sont pas les mêmes qu’au siècle dernier, la consommation par personne est stable depuis plus de 40 ans. Les messages inquiétants sur une augmentation permanente sont donc faussement alarmistes.
Pour en savoir plus, lire notre article "Combien de sucre consomme-t-on ?" ou voir notre infographie
On retrouve du sucre dans la plupart des produits sucrés (gâteaux, produits laitiers, confiseries, boissons, glaces, chocolats etc.) qui ne portent pas ce nom par hasard et qui sont consommés pour leur bon goût. Le sucre est également utilisé pour des raisons technologiques car il permet d’améliorer la texture et la couleur mais aussi car c’est un excellent conservateur naturel (ex : les confitures).
Certains produits salés peuvent aussi en contenir car il permet de contre balancer une acidité trop forte par exemple mais cela est fait à des teneurs très faibles et maîtrisées (0,1 à 3% en général).
Pour en savoir plus, lire notre article "Pourquoi les produits salés contiennent-ils du sucre ?"
Des expériences ont été faites sur des rats pour mettre en évidence que les circuits de la récompense sont activés par les drogues et par les aliments. En revanche, les résultats ne concernent pas que l’alimentation sucrée comme cela a été dit mais s’applique également à l’alimentation grasse ou salée.
Une généralisation hâtive a été véhiculée notamment sur le fait que le sucre - et uniquement le sucre - serait une nouvelle addiction pour l’homme.
Le réseau scientifique européen NeuroFAST** qui a passé en revue toutes les données chez l'homme et l'animal sur ce sujet a rendu ses conclusions cette année. S'il peut exister chez certaines personnes prédisposées dans certains circonstances particulières des addictions comportementales au fait même de manger, on ne peut cependant pas parler d'addiction à un aliment ou une substance alimentaire. L’addiction au sucre ou au sucré n’a jamais été démontrée chez l’homme.
Pour en savoir plus, lire notre article "Sucre et addiction"
Le sucre est un ingrédient d’origine naturelle qui en plus de sa saveur sucrée, procède de nombreuses propriétés technologiques de texture, conservation, coloration, exhausteur de goût. Il est donc utilisé dans un grand nombre de préparations culinaires.
Néanmoins, il est bien connu qu’un excès de sucre masque certaines saveurs et n'est pas souhaitable pour l'équilibre aromatique et nutritionnel d'un aliment. C’est pour cette raison que les cuisiniers comme les industriels travaillent en permanence à la juste formulation de leurs recettes pour fabriquer des produits de qualité, avec la dose optimale de sucre.
"Overdose, drogue, poison, sucre caché, stratagème, déluge de poudre blanche"… autant d’expressions abusivement attribuées au sucre chaque jour !
Nous sommes les premiers à dire que les excès de sucre(s) ou de produits sucrés sont à éviter. Une surconsommation de tout aliment participe dans la durée et si elle est fréquente, à un déséquilibre de la balance énergétique, avec tous les risques associés.
Mais nous disons aussi que la peur n’est pas une bonne méthode pour (ré)apprendre à bien manger. Soyons vigilants sur les messages que nous diffusons sur nos aliments, gras ou sucrés, artisanaux ou industriels ainsi que sur les recommandations sur nos consommations alimentaires.
Le plaisir, la diversité et l’équilibre de nos repas ne se construisent pas dans l’angoisse de la contamination ou de l’addiction.
Le CEDUS souhaite aujourd’hui que les messages concernant le sucre soient basés sur des faits ou des données scientifiques plutôt que sur la peur et le sensationnalisme.
* Enquêtes INCA (individuelles, nationales de consommation alimentaire) ou CCAF du Crédoc
** http://www.neurofast.eu/ "Eating addiction", rather than "food addiction", better captures addictive-like eating behavior. Hebebrand J, et al., Neurosci Biobehav Rev. 2014 Sep 6