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Des malaises avec sentiment de faiblesse, irritabilité, tremblements, et anxiété qui surviennent après des repas riches en glucides et particulièrement en glucides simples sont régulièrement attribués par les sujets souffrant de ce désagrément à une chute de la glycémie. Mais les sucres sont aussi selon les malades un moyen de faire disparaître leurs malaises. Le fait de poser ce diagnostic d’hypoglycémie peut pérenniser un comportement ambigu vis-à-vis du saccharose, fait de répulsion pour l’aliment interdit et de dépendance pour le sucre salvateur. De quoi s’agit-il en réalité ? Y a-t-il réellement une hypoglycémie concomitante au malaise et aux manifestations décrites par les patients ? Que nous apprennent les études portant sur ce sujet ?
L’hypoglycémie réactionnelle est une hypoglycémie symptomatique survenant exclusivement en période prandiale, désignée également sous le terme d’hypoglycémie post prandiale, hypoglycémie réactionnelle ou encore hypoglycémie fonctionnelle idiopathique.
En 1980 Johson mesurant la glycémie contemporaine de malaises chez 25 patients ne trouvait aucune valeur inférieure à 2,75 mmol/l. On retient habituellement une valeur de glycémie inférieure à 3 mmol/l dans les 3 heures qui suivent un repas pour caractériser l’hypoglycémie post prandiale.
Une étude menée par Palardy en 1989 confirme l’absence de correspondance entre la clinique et la biologie. Sur 132 mesures de la glycémie réalisées sur du sang collecté sur un papier buvard par le patient pendant un malaise une glycémie inférieure à 3 ,3 mmol n’a été retrouvé que – fois soit 5 % des cas ; Chez ces 6 patients d’autres malaises sont survenus alors que les glycémies étaient normales.
Snorgaard and Binder (1990) ne retrouvaient aucune glycémie < à 3. 3 mmol /l chez des patients adressés pour hypoglycémie fonctionnelle.
Plus récemment l’étude d’EJ Simpson* (2006) a voulu vérifier l’existence concomitante d’une hypoglycémie biochimique chez des femmes présentant plus d’une fois par semaine un ensemble de symptômes qu’elles attribuaient à une chute de leur glycémie. Pour cela les sujets témoins et les contrôles effectuaient eux même pendant 7 jours, une mesure de leur glycémie 3 heures après les 2 principaux repas de la journée, ils notaient leur consommation alimentaire et leur niveau d’activité journalière. Les sujets du groupe contrôle mesuraient également leur glycémie chaque fois qu’un malaise survenait dans les 4 heures qui suivaient les repas. Comparées aux sujets témoins, les glycémies des sujets contrôles sont plus basses, les symptômes surviennent plus rapidement après le repas (environ 2h 6) chez des sujets physiquement plus actifs ne contrôlant pas suffisamment leur apport calorique. La glycémie moyenne du groupe hypoglycémie réactive en dehors des malaises était de 4.7 mmol/l, valeur inférieure à celle des contrôles (5.1mmol/l). Au cours des 14 jours de l’étude, 108 événements avec symptômes se sont produits, les glycémies étaient alors comprises entre 2,4 et 5.4mmol/l dont seulement 13,4% d’entre elles étaient égales ou inférieures à 3 mmol/l.
Les symptômes arbitrairement attribués à une glycémie basse peuvent en réalité être liés à une réponse adrénergique. Les patients des différentes études montrent en effet des signes d’anxiété, de dépression, et de somatisation.
Dans l’étiologie des hypoglycémies réactives, une sensibilité à l’insuline en relation avec un régime alimentaire riche en glucides et à faible teneur en lipides a été bien souvent évoquée bien que l’effet des régimes riches en sucres simples sur la sensibilité à l’insuline reste litigieux. Indépendamment de la sensibilité à l’insuline, les régimes riches en sucres simples pourraient être impliqués en raison d’éventuelles variations de la glycémie post prandiale plus importantes. Toutefois expérimentalement aucune différence de consommation de glucides simples n’a été mis en évidence entre les contrôles et les témoins.
L’ensemble des résultats ne permet donc pas mettre en évidence de lien entre le nadir glycémique et l’apparition des symptômes de l’hypoglycémie réactive et ne confirment pas le mythe de l’hypoglycémie liée à l’ingestion de sucres simples.