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Gras, sucre, sel : cessons de faire de notre alimentation un danger ! - CEDUS - 07/10/2014

En cette rentrée littéraire, quelques livres, dont certains issus d’auteurs américains*, viennent nous rappeler combien notre alimentation et son impact sur la santé est un sujet sensible et prompt à être dramatisé. Les ouvrages en question surfent en effet sur nos peurs alimentaires face à une offre qui provient désormais très majoritairement de l’industrie alimentaire.


Sans minorer les risques associés à une alimentation trop riche en calories ou trop peu diversifiée, il nous semble important de ne pas inscrire notre alimentation et les ingrédients qui la composent dans la liste déjà longue des dangers avérés. Nous ne sommes pas des consommateurs de gras, de sucres et de sel mais des « mangeurs » ; en France tout particulièrement, nous prenons encore la majorité de nos repas à table, à des heures assez fixes et donnons du sens à ce que nous mangeons.


Certes, il est bon de rester vigilant face à certains pratiques marketings ou publicitaires visant uniquement à faire consommer plus. Mais l’éducation par la peur, si elle fonctionne pour la prévention routière, n’est pas la bonne méthode pour éduquer durablement à l’équilibre alimentaire, à la diversité des goûts et de nos cultures alimentaires.


Dans les livres cités en référence, le thème récurrent est l’addiction à l’alimentation et plus précisément au sucre. Selon les auteurs, les industriels nous auraient rendus « accro » en sucrant de plus en plus notre alimentation, nous amenant à consommer trop de sucres, ce qui expliquerait l’épidémie d’obésité. Ces idées simples et a priori bonnes à penser méritent d’être relativisées. Rappelons quelques faits pour la France :

  • La consommation de sucre est stable en France depuis des années : les ventes de sucre augmentent en volume avec la population française mais les ventes par habitant sont très stables depuis plus de 40 ans (source FAOStat).
  • 90 à 100 grammes de sucres par jour : c’est la consommation moyenne de sucres par personne en France (enquête INCA-ANSES 2007). Il s’agit bien de sucreS donc tous les sucres apportés par l’alimentation : les sucres ajoutés dont LE sucre de canne ou de betterave ainsi que les sucres des fruits, du lait, etc.
  • 50-60 grammes de sucres ajoutés par jour : c’est bien la valeur seuil maxi proposée par l’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) pour leS sucreS ajoutés, en vue de prévenir les caries et l’obésité. En France, c’est effectivement ce que l’on consomme en moyenne ; en proportion de la population, c’est environ 3 adultes sur 4 et un enfant sur deux qui répondent à cet objectif (ENNS 2006).
  • Addiction au sucre : l’existence d’une addiction aux aliments, provoquant dépendance et troubles d’usages analogues aux drogues, est de plus en plus remise en question par les scientifiques. Même si les « circuits » empruntés sont voisins, le cerveau ne répond pas au gras, au sucre ou au sel de la même manière qu’à la cocaïne. Plus important, les études sur les rats ne peuvent rendre compte de la complexité de l’homme dans son environnement. Aujourd’hui, il apparaît que, si une dépendance peut exister chez certaines personnes, elle n’est pas associée à un nutriment ou un aliment mais plutôt au fait de manger**.  

*Dr Jacob Teitelbaum, Decrochez du sucre, Ed Marabout, 2014 et Michael Moss, Sucre, sel et matières grasses : comment les industriels nous rendent accros, Ed Calmann-Levy, 2014

**Hebebrand et al, Neurofast, 2014


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